Je suis un moineau lanceur d’alerte !

(C) Photo Pierre De Neve

Je suis un moineau domestique parisien ou bruxellois et on ne me voit presque plus ici ou là-bas. Dans les villes européennes, environ 3 moineaux sur 4 ont disparu au cours de ces vingt dernières années. Mes congénères disparaissent à des rythmes effrénés également dans les autres grandes villes de Londres jusqu’en Inde.  Précisons qu’il demeure des zones où les colonies locales de moineaux se portent bien mais pour combien de temps encore ? Voyez en Suisse où les populations semblent stables (voir ici et ici).

Pourquoi sommes-nous amenés à disparaître dans certains lieux où nous étions si présents autrefois ?
Vous nous avez donné ce nom (moineau domestique) car nous avons décidé, il y a 2.000 ans, de vivre proche de vous. Si nous avons co-évolué auprès de vous ce n’est pas que nous sommes « domesticables » mais bien qu’on a su profiter de votre présence pour obtenir le gîte et le couvert facilement, et ce pendant des siècles. Une fabuleuse histoire de cohabitation mais qui est devenue particulièrement houleuse depuis une cinquantaine d’années … En effet, vous aménagez « votre » environnement (vos villes, vos campagnes, et même vos jardins) sans penser, ni à nous, ni au reste de la faune sauvage.  Nous ne trouvons plus d’endroit pour nous reproduire en sécurité, plus de ressources alimentaires suffisantes pour subsister à l’hiver. Les trous dans vos bâtisses qu’on utilisait pendant des siècles pour nicher sont rebouchés, les façades et la toiture sont rénovées, isolées ne nos laissant aucun abri …

L’agriculture intensive de son côté participe à grande échelle à la raréfaction des bocages, des prairies fleuries, des zones en jachère, des insectes, et de la diversité des plantes sauvages qui nous sont propices.  Les jardins où la tondeuse est l’outil principal font disparaître les graines sauvages diversifiées qu’on a besoin pour passer l’hiver, cette même tondeuse part à la guerre contre les hautes herbes au printemps et l’été ce qui empêche les sauterelles, les chenilles, larves et araignées de se développer. C’est pourtant ces même insectes dont nous avons besoin pour nourrir nos oisillons… 
Les haies monospécifiques (thuyas, lauriers, bambous,…) et de plantes exotiques sont une catastrophe pour nous, alors que dans la haie diversifiée d’essences locales nous trouvions une quantité incroyable d’insectes, de lieux refuge anti prédateurs (prunelier, houx, aubépines, ronciers,..) et de lieux pour passer l’hiver (lierres et autres persistants).

En plus de la dégradation des lieux de nourrissage nous devons faire face à la malbouffe croissante dans vos villes, vos gares, vos fast food, dont nous récupérons les miettes qui nous empoisonnent à petit feu. Dans vos champs ce sont les biocides (pesticides, insecticides, fongicides, herbicides) qui nous contaminent et accélèrent notre déclin.  La pollution de l’air et de l’eau de vos grandes villes n’arrangent pas les choses, et la méconnaissance de nos besoins transforment même vos bonnes intentions en piège pour nous ou nos oisillons (alimentation au pain, boules de graisse de mauvaise qualité, mangeoires remplies à l’année, tentatives de sauvetage d’oisillon sans précaution et connaissances, nichoirs non adaptés, mal orientés etc.)

Alors comment nous aider efficacement, facilement, et gratuitement ?  Avant tout en changeant votre regard sur nous : en faisant preuve de tolérance et d’un peu d’intérêt à notre égard.  A croire que parce que nous étions si communs nous sommes devenus sans intérêt, sans valeur. Et pourtant nous avons tant de choses en commun avec vos modes de vie et vos préoccupations actuelles !

Aidez-nous en nous proposant des lieux de nidification :  Faites-nous une place sous votre toiture  ( il existe des tuiles adaptées à l’isolation), dans votre grange, car-port, et si nos fientes vous dérangent comme celles des hirondelles, placez simplement une planchette en bois sous notre nid et le tour est joué, ou placez-nous un nichoir !  On utilise très volontiers les nichoirs que vous nous proposerez, pour peu qu’ils soient bien conçus et bien installés ! Ils nous permettent d’élever nos petits sans être victimes de prédation et d’intempéries (plans adaptés) .

Nous vivons en colonies alors installez plusieurs nichoirs à côté les uns des autres ou installez un « hôtel à moineaux » avec chacun son trou d’envol et sa zone de nidification.

Soutenez le projet « Réaccueillons les moineaux à Wezembeek Oppem ». Votez entre le 1er et le 31 septembre 2022 et, si le projet est plébiscité par les Wezembeekois,  recevez un nichoir à trois places ! Voir Budget Citoyen .

Aidez-nous en proposant des ressources alimentaires naturelles toute l’année : Vous l’avez compris on adore les haies denses et variées, les arbustes, buissons denses pour dormir, se mettre à l’abri des prédateurs, et se nourrir : des haies de pruneliers, aubépines, sureaux, chèvrefeuilles, troènes, houx, fusain d’Europe, rosiers sauvage etc.
Bien que nous vivions jusque dans vos villes, nous sommes dépendants des végétaux comme tout animal sauvage, alors végétalisez votre jardin, votre balcon, votre terrasse, et diversifiez les essences !
Laissez le lierre grimper sur vos arbres, on adore s’y retrouver, l’utiliser comme protection contre les intempéries ! En plus il fournit des fleurs tardives pour les pollinisateurs et des baies l’hiver.

Créez-nous une zone sauvage au jardin, laissez les herbes hautes s’exprimer, une zone de jachère de fleurs sauvages, ça favorisera les insectes nécessaires à nos petits pour grandir. Les papillons et pollinisateurs vous remercieront par leur présence. En plus de laisser les plantes sauvages spontanées dans un coin du jardin, vous pouvez aussi planter des céréales sauvages (graminées) ou cultivées, et des plantes comme le mouron, le séneçon, le plantain. Si vous laissez vos herbes monter en graines, nous aurons en plus un repas l’hiver, bien plus varié que le tournesol (ce qui ne vous empêche pas d’en planter également, plutôt que d’acheter les graines.)
Si on trouve une zone de sable ou de terre à nue dans votre jardin on s’y rendra pour nous aider à nous déparasiter, et si vous nous aménagez un point d’eau, on vous émerveillera par les bains quotidiens dont on a besoin pour s’abreuver et pour entretenir notre plumage. Nous hésiterons, bien sûr, à nous installer si un chat rôde dans votre jardin, même s’il semble sympathique, il reste un de nos plus grands ennemis.

Aidez-nous en discutant autour de vous des bonnes pratiques pour nous accueillir dans vos jardins, vos villes et vos villages ! Un groupe « Moineaux citoyens » s’est créé à Wezembeek et à Kraainem (moineaux1950.1970@gmail.com) et Tous les groupes Moineaux Citoyens. Il y a aussi la page FaceBook.

Merci pour votre lecture et pour votre aide !
Annick Pingaut

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